Le Morbihan


C'est au soir du 17 août 2012 que nous embarquons dans le port du Crouesty sur un Sun Osyssey de 38 pieds, tout neuf comme un œuf, sorti du chantier quelques mois plus tôt. Baptisé "Émeraude", c'est un dériveur intégral lesté qui, pensais-je, devait nous donner quelque liberté pour l'échouage à marée basse.

Mais les consignes de navigation du loueur ont vite refréné nos ardeurs, puisque à part le port de Sauzon, il nous était déconseillé de "beacher", sous peine d'ensabler le puits de dérive et de rendre celle-ci inutilisable.

Afin d'amariner l'équipage, je décidais de commencer notre navigation par le Golf du Morbihan, vaste petite mer intérieure qui n'a pas de houle, mais dont les courants sont impressionnants au moment du flot et du jusant.

Nous prîmes donc la direction de Vannes et pour notre première escale nous jetâmes l'ancre devant l'Île aux Moines. Lunch et baignade nous ont permis de savourer nos premières heures de vacances avec des températures estivales et une eau à 23 degrés.


Bel exploit, bravo Franck !


Puis, il nous a fallu remonter la rivière de Vannes pour arriver au plus tôt deux heures après la pleine mer afin de passer le seuil d'entrée du port à flot au bon moment. Une fois dans le canal du port, une place d'amarrage nous fut attribuée par ticket de telle manière que les manœuvres puissent être réduites au strict minimum, ce qui est appréciable.




Sept-Îles, celle-là précisément


La deuxième journée aurait dû nous porter vers Auray et nous faire découvrir la partie occidentale du golf, à l'opposé de Vannes. Malheureusement, un pont traversant la rivière du même nom nous en empêcha à cause de la hauteur de notre mât. Nous décidâmes de passer une journée de plus dans le golf et de mouiller aux abords de Sept-Îles.






Belle écoute sans barber
La troisième journée nous fîmes prendre la mer pour nous diriger sur Belle Île. Le petit temps régnant nous incita fortement à tâter du spi asymétrique, avec des empannages plus ou moins réussis, particulièrement quant à la voile avait une fâcheuse tendance à s'enrouler autour de l'étai. Bref, l'équipage apprécia moyennement que sa tranquillité fût troublée par des claquages de voiles et autres éclats de voix.



Un petit air d'Antilles...



Nous entrâmes dans le port de Sauzon en soirée, fermement décidés à nous embosser sur une zone d'échouage et à vivre cet instant aussi absurde qu'inutile qui consiste à dormir dans un bateau posé sur terre. C'est au rythme du Pictionnary et à coups de franches rigolades que nous  veillâmes jusqu'à une heure du matin, heure de la basse mer.


...ben ouais, c'est bien ce qu'on disait !
Et puis, à l'heure H, alors que certains craignaient que le bateau ne se couchât, il ne se passa rien : pas une vibration, pas un bruit. Seule précaution à prendre : les toilettes sont hors service.



Sortie du port de Sauzon

Dès la pleine mer le lendemain, nous décidâmes de naviguer en direction du Palais et de rentrer dans le port à flot. Mais la basse mer du milieu de journée nous obligea à naviguer à l'extérieur en attendant des conditions favorables. Finalement, ça n'est qu'en fin de journée qu'un cortège de bateaux se présenta dans l'avant port avec pour mission de se coller les uns aux autres, vu l'étroitesse des lieux. Dès que l'ensemble des bateaux  fut placé, il devint impossible d'en bouger un seul sans que cela ne nécessitât la présence de tout ce que le Palais pouvait compter comme marins.

Notre arrivée tardive ne nous permit pas de faire l'avitaillement de bord, ce qui le lendemain nous obligea à faire une halte dans l'avant port qui, en définitive, se révéla bien plus commode pour des déplacements impromptus.



"Il est bon, il est frais mon poisson !"


Puis, nous gagnâmes l'Île d'Houat, 10 miles plus à l'Est, et jetâmes l'ancre devant la plage de Tréac'h Salus (c'est du Breizh, ou du Breton si vous préférez).

Enfin, pour notre dernière journée, nous souhaitions fièrement faire notre entrée et pèlerinage dans le temple de la compétition nautique, à La Trinité sur Mer, où l'on a pu admirer de nombreux bateaux de course.

Et voilà déjà le temps du retour qui, selon Éole  se présenta sous la forme d'une dépression d'ouest. Elle nous mit du vent dans nos voiles, et surtout nous arrosa copieusement durant plusieurs heures.



Ouste la langouste, y en a homard !